mercredi 22 avril 2009

L'exploratrice suppléante

Le lundi suivant ma première visite à la Polyvalente Unetelle, j’y étais tôt le matin. On m’avait dit de me présenter vers 8h30 pour avoir plus de chance d’obtenir des périodes; à 8h10, j’étais déjà là. J’voulais être sûre de mon affaire. Mais… les secrétaires étaient même pas arrivées! L’école était comme toute endormie encore…

Je ne savais pas trop où me mettre… On m’avait dit que d’autres suppléants seraient sûrement là, mais j’étais tellement de bonne heure qu’évidemment il n’y avait personne d’autre. Mais, les gens ont commencé à arriver. Et, pour la première fois de ma vie, on m’a demandé « Es-tu libre à la première? »

Cette phrase là, depuis, je l’ai entendu des dizaines de fois. Et on peut augmenter le compte si on remplace le mot « première » par « deuxième », « troisième » ou « quatrième ». C’est devenu un appel auquel je réponds presque aussi rapidement qu’à mon nom. Parfois avidement, en me garrochant pour cette promesse de travail (et donc de sous!), parfois avec regret en annonçant que malheureusement (mais heureusement pour moi), je suis déjà prise… Avec le temps, en faisant souvent de la suppléance à cette polyvalente, en devenant plus connue, la phrase magique s’est même souvent transformée en « Es-tu libre telle date? ». Eh oui, moi, L’exploratrice, je suis une suppléante en demande, on me réserve d’avance! hehehe ;o)

Mais bref, en ce lundi matin d’octobre dernier, j’ai obtenu ma première période de suppléance.

D’abord, je dois vous dire, à la Polyvalente Unetelle, il y a des classes qui font le programme d’éducation internationale. Ces groupes, tous les suppléants se les arrachent parce que les élèves y sont généralement calmes et travaillants. Et c’est avec un de ces groupes que j’ai fait ma première suppléance.

Peinarde, j’ai simplement écrit quels étaient les exercices à faire au tableau et tout ce beau petit monde s’est mis au travail. Pas de rouspétage, pas de chialage. Une chance parce que j’étais passablement nerveuse. Mais finalement, je suis restée assise à les regarder travailler en silence pendant 1h15, morte de rire. C’est ça, la suppléance? Pouah! Facile!!!

Dès le lendemain, j’ai réalisé que non, ce n’était pas ça la suppléance. J’ai eu deux périodes avec des groupes de secondaire 3, au régulier. J’en suis ressortie toute secouée. Difficulté à avoir le silence, même pour les présences, élèves qui ne travaillaient pas, assez réfractaires et bruyants, opposition constante… Je crois qu’encore à ce jour, ces deux périodes ont été parmi les plus difficiles que j’ai eu à faire. J’étais toute neuve, que voulez-vous… Une des enseignantes que j’ai croisées en sortant de la classe m’a demandé comment ça s’était passé. Devant mon air dépité, elle m’a demandé si les élèves étaient restés en classe. Oui, évidemment. « Bon, qu’elle m’a dit, ben t’as pas à t’inquiéter, ça s’est bien passé d’abord! »

Ça a été tout pour cette première semaine… mais c’était bien assez pour moi! Quand j’ai dis à Meilleure Amie et à ma mère que ça y était, j’étais officiellement suppléante, elles m’ont toutes les deux demandé : « Pis, c’est tu l’fun? Aimes-tu ça? » Je ne savais pas quoi répondre, parce que « le fun » était pas vraiment le qualificatif qui me venait en tête. Ces trois périodes m’ont apporté beaucoup de choses que je recherchais, comme de devoir être alerte, de faire face à du neuf à tout bout de champ, de beaux défis. Mais du plaisir? Hum, franchement, non. Et pour l’amour, on verrait… pas à ce moment là, en tout cas!

Maintenant, plus de six mois plus tard, je crois que j’ai pris de l’expérience. Et le « fun » est venu avec. J’ai appris à mieux saisir l’énergie d’un groupe dès que les élèves arrivent en classe. J’ai appris à être stricte mais à ne pas exagérer pour ne pas me mettre une horde d’ados à dos (quel jeu de mots!). Je suis plus capable de relativiser. Et surtout, je me suis fait connaître de tout un tas de groupes, qui se sont habitués à me voir et qui, me connaissant, sont souvent contents de me voir arriver. Ça change un climat de classe, ça!

Maintenant, je peux affirmer que j’aime vraiment faire de la suppléance. J’ai même des groupes chouchous, dont je vous parlerai plus tard, c’est sûr. Il continue de m’arriver des mésaventures, dont je vous parlerai aussi et qui me font rager ou qui m’épuisent. Mais oui, j’aime faire de la suppléance à la Polyvalente Unetelle, l’école la moins bien classée de la région.

2 commentaires:

Stephy Boy a dit…

Avec une phrase finale comme celle-là, c'est presque dangeureux de laisser aller son imagination. Parce que moi, tout de suite, j'ai pensé à Michelle Pfeiffer, entendu "Lean on Me" en arrière plan, et j'ai imaginé une immense école publique dans un gettho! Mais que veux-tu, Hollywood et le cinéma américain a contaminé mon imaginaire.

Je me suis demandé, tout en me régalant de tes aventures, si t'avais pensé offrir tes services à la commission scolaire anglophone de cette magnifique région qui est la tienne? Il doit y avoir encore moins de suppléants anglophones, en région?

Lâche-pas!!

L'exploratrice a dit…

Hahaha! Ouais, non, quand même pas "ghetto" comme environnement...