vendredi 8 avril 2011

J'aurais dû...?

En mai dernier, j'ai reçu un appel d'une ancienne collègue de travail du temps où je travaillais en communications. Nous sommes restées en contact depuis mon changement de domaine et on s'envoit des nouvelles par courriel de temps en temps.

Mais cette fois-là, elle a tenu à m'appeler parce que ce qu'elle avait à dire, ce n'était pas quelque chose qu'on écrit...
Elle m'a appris que mon ancienne Patronne avait le cancer du pancréas. Bref, elle en avait pour un an à vivre, au mieux.

La semaine dernière, Patronne est décédée. C'est dur à croire, elle était si jeune!

C'est extrêmement troublant, comme sensation. Patronne était une femme au grand coeur, qui aimait rire et qui donnait beaucoup. Mais pour moi, c'était aussi quelqu'un qui n'arrivait pas à déléguer, qui ne me laissait aucune marge de manoeuvre et qui est liée à une période noire de ma vie.

Quand mon ancienne collègue m'a annoncé le cancer de Patronne, je me suis dit que je lui écrirais. Mais le temps a passé et je ne l'ai pas fait. Je ne savais pas quoi lui dire. On n'avait pas gardé contact, depuis mon départ, presque deux ans plus tôt. Je me serais trouvée hypocrite de tout d'un coup réapparaître dans sa vie. 

Maintenant, je me sens un peu coupable... Je me dis que j'aurais donc dû... Même si je ne sais toujours pas ce que j'aurais pu écrire.

J'ai appris son décès après que les funérailles aient eu lieu. Honnêtement, j'y serais allée, mais je me suis rabattue sur un mot de sympathies via le site web du salon funéraire...


mardi 5 avril 2011

Leur plaire

Des fois, je me demande si je veux « trop »… si je suis normale, en tant que jeune enseignante dans une polyvalente…

Vous savez, ça fait déjà 3 ans que je travaille dans la même école et j’ai vu certains élèves souvent, en suppléance. Tellement souvent que des liens ce sont créés, ce qui est plutôt chouette.

Encore aujourd’hui, certains élèves, viennent me jaser ça quand je les croise dans les corridors. Ça me fait toujours un petit velours. Et dans ces moments-là, je souhaite toujours que mon habillement, mes cheveux soient à leur goût d’ados. Qu’ils me trouvent cool, les gars comme les filles. Du genre : « Ah oui, Mme l’Exploratrice, elle est jeune et elle s’habille bien! Je l’aime! » Et quand je reçois un compliment, comme « Madame, vous avez des beaux cheveux! », ça me rend toute heureuse intérieurement.

C’est super superficiel, hein?

Un moment donné, ça s’est mis à m’inquiéter. Je me suis demandée si je voulais trop être l’amie de ces élèves… Est-ce que c’est malsain, mon désir de leur plaire?

J’en ai parlé un peu avec Meilleure Amie qui a fait la formation pour enseigner au Cégep. Elle m’a rassuré un peu en me disant qu’elle vivait exactement la même chose. Elle espérait toujours que ses étudiants trouvent qu’elle a des belles boucles d’oreilles, de chouettes souliers, etc. Si c’est bizarre, au moins je ne suis pas toute seule à penser comme ça!

Peut-être qu’en tant qu’enseignant, on ne devrait pas se soucier de ça. Mais, personnellement, si ça m’aide à me rapprocher des élèves pour mieux les aider dans leurs apprentissages, je me dis que ce n’est pas nécessairement si mauvais. J’imagine qu’il ne faut juste pas exagérer… Tant que la distance professionnelle et que le respect sont présents, ça va, non?

dimanche 3 avril 2011

La salle des profs

Ça fait maintenant presque cinq mois que je suis la titulaire de classe des Troublés et que je fais donc partie de l’équipe d’enseignants en adaptation scolaire de la Polyvalente Unetelle.

En prenant le poste de Miss Drive, j’ai aussi hérité de son bureau dans la salle des profs qui regroupe tous les enseignants en adaptation scolaire de l’école.

Les premières semaines, je me suis installée, j’ai fait un tri dans ce que Miss Drive a laissé et j’ai un peu personnalisé l’espace. Quand j’avais des périodes libres, je me rendais dans cette salle de prof pour y travailler et je dînais là.

J’ai vite remarqué que je ne m’y sentais pas très accueillie. Peu d’enseignants me parlaient, m’incluaient dans leurs conversations ou me disaient tout simplement bonjour en arrivant.

Au début, je me disais que c’était normal. Après tout, j’étais nouvelle. Certains ne me connaissaient pas et ne devaient pas savoir que je prenais le contrat jusqu’à la fin de l’année. Je pensais que le temps allait arranger les choses, que je m’intégrerais à force de passer du temps là et de manger avec mes nouveaux collègues.

Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est produit. Même en passant chaque jour au moins une heure dans cette salle de profs, je ne voyais pas les gens m’inclurent davantage ou vouloir me parler. Je n’ai jamais eu l’impression qu’ils voulaient apprendre à me connaître.

Pire, ils m’arrivaient fréquemment de manger à une table entourée de plus de dix personnes et de ne pas dire un seul mot de tout le dîner. Pour quelqu’un comme moi, c’est assez exceptionnel parce que je parle généralement BEAUCOUP. Mais dans cette salle de prof, les conversations se déroulaient entre ceux qui étaient là depuis le début de l’année. Tant pis pour les autres. Parce qu’une autre nouvelle enseignante était parfois dans la même situation que moi. Je ne sais pas si vous avez déjà vécu une telle situation, mais ça nous fait sentir assez poche, merci.

Les fois où je prenais part aux conversations, j’ai compris qu’il ne fallait pas avoir des opinions différentes de certaines personnes, qui prennent beaucoup de place et qui ont une haute opinion d’elles-mêmes. Je me suis fait rembarré à quelques reprises.

Il y a quelques semaines, j’ai décidé que j’en avais assez. J’en avais marre d’essayer de m’intégrer et de créer des liens avec des gens qui n’en ont clairement rien à faire de moi. J’ai décidé de cesser d’aller dans cette salle de profs où je ne me sentais pas bien, finalement. C’est très dommage.

Je passe maintenant mes périodes libres et mon dîner avec Tess et les autres enseignantes et éducatrices de CSP, avec qui j’ai beaucoup de plaisir. Et je me sens mieux. :)

C’est une situation vraiment étrange pour moi parce que je suis une personne très sociable et je n’ai généralement pas de difficulté à me faire des amis ou à m’intégrer à un groupe. La preuve, c’est que tout s’est fait comme dans du beurre avec la gang de CSP.

Je dois ajouter que ce ne sont pas tous les profs en adaptation scolaire qui étaient désagréables. Certains sont même très gentils et accueillants. Malheureusement, les autres étaient plus nombreux ou à tout le moins plus présents… Décevant.

samedi 2 avril 2011

Les cours du lundi

Encore une fois, je me laisse aller et je n’écris pas assez ici… Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquent! Je fais même des listes, parfois, des choses que je veux aborder, mais le temps passe si vite et les semaines sont si remplies…

Mes journées avec les Troublés continuent de passer sans se ressembler et mes petits comédiens du lundi me tirent aussi pas mal de jus. C’est d’ailleurs d’eux que je veux parler, aujourd’hui.

Je dois avouer, en toute honnêteté, que le lundi soir n’est pas mon moment préféré de la semaine. C’est qu’ils sont très, mais TRÈS énervés. C’est fou.

J’essaie constamment de me dire que c’est normal, que ce sont des enfants. Qu’ils viennent de passer toute la journée assis, à ne pas parler. Qu’ils doivent dépenser leur énergie et surtout, avoir du plaisir dans leur cours de théâtre. Mais quand même, ils sont vraiment quelque chose.

Depuis janvier, nous travaillons sur la pièce de théâtre qu’ils présenteront en juin. Les choses se passent plutôt bien côté jeu et interprétation. Mais je dois maintenant me « fâcher » (je ne crie jamais, mais je crois qu’ils voient à mon découragement que je ne suis pas de très bonne humeur) à presque tous les cours parce qu’ils parlent TOUT LE TEMPS.

J’essaie de leur faire réaliser que leur placotage incessant enlève du temps de pratique et que ce sera eux, pas moi, qui aura l’air fou sur scène en juin… Ça rentre par une oreille et ça ressort par l’autre. Au cours suivant, c’est à refaire. Ça me décourage juste d’y penser.

En plus, je dois constamment faire attention à ce que je dis et surtout comment je le dis. Pendant mes journées avec les ados, j’utilise le sarcasme à fond. Ça aide souvent à faire descendre la tension en les faisant rire (ou encore en nous faisant rire, Tess et moi, ce qui est très bien pour notre moral!).

Mais, avec les petits, le sarcasme ne passe juste pas, mais pas du tout! À chaque fois que je m’échappe et que je l’utilise, j’ai droit à des grands yeux effrayés qui semblent dire : « Oh mon Dieu, elle me chicane! Elle est pas fine! » Il faut que je fasse attention, c’est clair. Je travaille là-dessus depuis plusieurs semaines.

Je n’avais tellement plus de plaisir, il y a quelques semaines, que je me disais qu’ils ne devaient pas en avoir non plus. Ça ne doit pas être génial de se faire dire « Reste assis! », « Chut! » ou « Ok, là, ça suffit! » longueur de cours. Alors je leur ai posé la question… À ma grande surprise, eux ont apparemment VRAIMENT du fun! Je ne sais pas s’ils disaient la vérité, mais leur « Ouiiiiiiii! » était plutôt enthousiaste quand je leur ai demandé s’ils aimaient encore leur cours. Je suis sceptique, mais bon.

Je ne sais pas trop de quoi va avoir l’air leur pièce le jour J. J’espère sincèrement que ça va avoir de l’allure pour que les parents n’aient pas l’impression d’avoir payé ces cours (qui sont assez dispendieux) à leurs enfants pour rien… Gardons espoir!