samedi 25 septembre 2010

Petits et plus gros boulots

Quand j'ai atteri à Dorval, le 12 août dernier, je ne me doutais pas à quel point l'argent deviendrait un de mes plus gros soucis.

Je suis tellement cassée! J'ai même dû retarder le projet d'appartement de quelques mois parce que je n'aurais pas assez d'argent pour le payer... Et comme je dois commencer à rembourser mon prêt étudiant bientôt, ça devenait urgent de faire des sous.

Une semaine après être revenue, je me suis donc lancée à la chasse au petit boulot. Il faut ce qu'il faut! Armée d'une pile de CV, je suis allée serrer les mains d'un paquet de gérants d'épicerie, de pharmacie et autres magasins à rayons. Par contre, je ne suis pas allée dans les commerces trop près des écoles secondaires où je travaille, pour être bien sûre de ne pas me ramasser avec des collègues qui sont aussi mes élèves.

Après, j'ai attendu. En stressant un peu, évidemment, parce que l'argent n'entrait pas... Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre?

Environ une semaine et demi plus tard, le gérant d'un supermarché m'a convoqué en entrevue, qui s'est presque transformée en psychanalyse. Il me trouvait surqualifiée pour être caissière... C'est clair que je suis surqualifiée, j'ai deux diplômes universitaires à mon actif, bonhomme! Mais, quand on a pas le choix, on fait ce qu'on doit faire. J'ai besoin d'argent et mes disponibilités sont le soir et la fin de semaine parce que je dois garder mes jours de semaine libres pour de la suppléance. Les seules véritables possibilités sont de trouver une p'tite job d'étudiant, oui, avec des ti-jeunes. C'est la vie, et j'étais prête à m'y faire.

Mon honnêteté a payé, j'ai été engagée. J'ai été formée et j'ai épaté la galerie par la vitesse à laquelle j'apprenais les codes des bananes et des raisins verts.

Puis, les choses se sont enchaînées.

Au début de la semaine passée, je suis retournée à la Polyvalente Unetelle pour voir si on avait besoin de mes services et j'ai été super bien accueillie. Même si les besoins en suppléants n'étaient pas très grands, début d'année oblige, mes amies les secrétaires m'ont fait travailler. Je crois même qu'elles m'ont fait passer devant d'autres suppléants... des nouveaux. Mais faut pas le dire! J'imagine que c'est l'avantage d'être connue dans une école et d'y avoir une bonne réputation. Yé pour moi ;)

Le deuxième jour, vite de même, on m'offre de remplacer une enseignante de français de quatrième secondaire qui est malade. Elle avait une autre suppléante, mais celle-ci s'est fait offrir un contrat pour l'année, elle ne pouvait pas refuser ça. Alors, l'école avait besoin de quelqu'un pour environ une semaine, à raison d'une à deux périodes par jour, vu que l'enseignante a deux groupes. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont tout de suite pensé à moi, mais tant mieux! Bien sûr, j'ai accepté, parce que peu de périodes, c'est mieux que pas de périodes pantoute! Et que ça me permettrait de commencer à rétablir ma situation financière.

Le même soir, croyez-le ou non, la propriétaire de l'école de théâtre où je suis allée pendant toute mon adolescence et que fréquente toujours de temps en temps m'a contacté. Elle voulait savoir si j'étais disponible les lundis soirs et si ça me tenterait d'enseigner le théâtre à un groupe de neuf jeunes de 8-9 ans.

Là, j'étais sur le cul. Ça se passait trop vite. Mais c'était aussi trop beau pour refuser! Quelle merveilleuse expérience! J'ai donc dit oui et après y avoir bien pensé, j'ai donné ma démission à l'épicerie. Histoire d'avoir une vie et de ne pas me brûler en travaillant tout. le. temps. Deux jobs, c't'assez.

Et vous savez quoi? Je suis encore convaincue aujourd'hui que j'ai bien fait. Parce que finalement, l'enseignante malade qui devait revenir avant-hier restera absente une autre semaine, au moins. Je continue donc avec ses groupes. Je vous en reparlerai, parce que je sais que j'ai plein de choses à dire là-dessus! À propos des ti-pets de l'École de théâtre, aussi!

J'ai donc du travail au moins pour une autre semaine à la polyvalente, et jusqu'en juin avec mes jeunes comédiens. Et j'attends avec impatience ma première paye!

vendredi 24 septembre 2010

La bureaucratie

Depuis mon retour, je suis prise dans l'enfer de la bureaucratie. Vous savez, les douzes travaux d'Astérix (ou, référence plus récente, les démarches de Xavier dans l'Auberge espagnole)? C'est ce que j'ai l'impression de vivre.

Avant de partir en France, je m'étais assurée de remplir tous les formulaires et d'envoyer tous les documents nécessaires pour avoir mon autorisation d'enseigner en Ontario lorsque je reviendrais. Je me disais que six semaines, c'était suffisamment long pour que les secrétaires traitent mon dossier. J'étais certaine que tout serait réglé à mon retour, pour que je puisse entreprendre les démarches pour le Québec.

Pourtant, surprise, surprise! Le lendemain de mon arrivée, après avoir défait les valises, fait du lavage et m'être un peu réinstallée dans ma vie, je me rend compte que je n'ai absolument rien reçu de la province voisine. «Hum, me suis-je dit, c'est étrange... ».

J'ai donc consulté mon dossier en ligne pour m'apercevoir que les documents que j'avais envoyés ont été refusés. Notamment le formulaire signé par les services policiers qui certifie que je n'ai pas d'antécédents judiciaires. Parce que je suis une criminelle et que je l'ai caché? Non, évidemment pas. Parce que MON DEUXIÈME PRÉNOM N'APPARAÎT PAS DESSUS! Alors que je ne l'utilise JAMAIS! Bout de viarge! Vous êtes nombreux, vous, à vous faire appeler « Marie » ou « Joseph » machin-chouette?

S'ensuivit un appel plein de frénésie et de frustration en Ontario. Pauvre p'tite madame au bout du fil. Je savais bien que ce n'était pas de sa faute à elle, mais je devais exprimer ma frustration. Elle m'a dit qu'ils ne pouvaient pas avoir la certitude que tous mes prénoms avaient été vérifiés et que j'avais peut-être des antécédents sous l'autre. Franchement! Je lui ai dit que je n'en avais pas contre elle, mais que je trouvais (et que je trouve toujours, d'ailleurs) qu'ils exagéraient. Surtout que c'est pas gratuit, ce petit papier là, hein. Soixante beaux dollars, chez le diable! Je ne comprend toujours pas comment une vérification faites par la police (la police, bordel!) peut ne pas satisfaire des fonctionnaires ontariens... C'pas comme si le policier avait juste regardé ma face et s'était dit : « Ouais, elle a l'air correcte, elle. » Argh!

Chanceuse dans ma malchance, je suis tombée sur une policière aussi outrée que moi du peu de confiance que l'Ontario accorde aux capacités de vérification de notre Sureté. Elle ne m'a pas chargé pour le 2e formulaire.

Mais ça ne s'arrêtait pas là, oh non. J'ai aussi dû refaire envoyer mes relevés de notes (de l'Université de la Montagne et d'Ottawa) parce que ceux que j'ai envoyés, même s'ils étaient scellés, ne convenaient pas. Qui sait, moi et mon deuxième prénom aurions pu décacheter l'enveloppe avec de la vapeur pour mettre des documents falsifiés à l'intérieur. Pas de problème pour que j'envoie moi-même le formulaire d'antécédents judiciaires, lousse de même dans une enveloppe ordinaire. Mais les relevés de notes! Ooooooh! Attention, danger! Possibilité de fraude en vue!

Non, mais QUESSÉ ÇA?!? Il me semble qu'il y a déséquilibre de priorité, ici.

Bref, après avoir bien gueulé (vraiment, pauvre madame!) et raconté mes déboires à ma mère, j'ai été obligée de prendre mon trou. Parce que la bureaucratie, c'est plus fort que tout. On ne peut pas la battre. Elle est comme Superman, sauf que sa kryptonite n'a pas encore été découverte. J'ai donc sagement refait les démarches et depuis cette semaine, j'ai enfin l'autorisation officielle d'enseigner en Ontario. Pas que j'ai vraiment envie d'y retourner, remarquez...

Maintenant que cette partie est réglée, je m'attaque à l'autorisation d'enseigner québécoise. Encore une fois, des papiers, des formulaires, etc. Mais j'ai appris ma leçon et je m'assure de parler à quelqu'un avant de tout envoyer, pour être sûre que tout sera correct du premier coup. À suivre...