mercredi 30 novembre 2011

S'émerveiller

Même si faire de la suppléance n'est pas de tout repos et que ce n'est pas comme avoir sa propre classe, il m'arrive quand même assez souvent de m'émerveiller... en entrant dans une école, en en sortant, en circulant dans les corridors, en voyant des élèves répondre à mes questions ou m'en poser...

Tout d'un coup, je peux être prise d'un sentiment de bonheur et d'accomplissement total.

Ça me prend comme ça, sans avertissement et je ne peux pas m'empêcher de penser: "Heille, wow. Je suis prof. Pour de vrai, là. J'aide des enfants à apprendre, à grandir... C'est quand même pas mal comme vie!"
Il faudrait juste que j'essaie de me souvenir de ces moments de grâce quand je tombe sur un groupe qui me fait suer plus que d'autre chose!

J'espère toujours continuer à être émerveillée comme ça, même quand ça fera des dizaines d'années que j'enseigne. J'ai confiance :)




mercredi 16 novembre 2011

C'est drôle...

Vous savez, en faisant de la suppléance au secondaire, j’en ai vu de toutes les couleurs.

Je peux honnêtement dire que faire de la suppléance au primaire, c’est BEAUCOUP plus agréable. En général. Les enfants ne sont pas rendus au stade de leur vie où ils doivent contester l’autorité à tout prix, donc à la base, ça part mieux.

Je dirais que 95% du temps, ça se passe super bien. Mais il y a le 5%.

Il y a quelques semaines, je suis allée dans une école deux jours de suite. La première journée, je remplaçais en 6e année le matin et en 1re année l’après-midi, tandis que la deuxième journée, j’étais avec des 3e années et des élèves de la maternelle.

Je peux vous le dire franchement, ma première journée a été absolument infernale. J’ai dû « faire la méchante » TOUTE la journée, autant avec les plus vieux qu’avec les plus petits. Ça parlait sans cesse, ça me répondait de façon arrogante, le travail n’avançait juste PAS. J’étais tout le temps en train d’intervenir. É-pui-sant.

Heureusement, je suis tombée sur des enseignantes qui ne remettaient pas ma parole en doute. Elles connaissaient leurs élèves, elles savaient de quoi ils étaient capables et ils ont eu les conséquences appropriées.

Quand la journée s’est terminée, j’étais vidée et j’appréhendais déjà le lendemain. École de fous, que je me disais.

Heureusement, les deux groupes sur lesquels je suis tombée étaient vraiment mieux. Quand c’est rendu que des enfants de cinq ans sont plus autonomes que ceux de onze…

Il fallait quand même que l’école conserve sa réputation, vous voyez. Alors ce matin là, je me promenais tranquillement (je surveillais pendant la récréation) quand deux petites filles de la classe de première année de la veille ont trottiné vers moi, les bras entrelacés :

- Madame, c’est toi qui étais dans notre classe hier, hein? m’a demandé l’une delle.

- Oui, c’est moi, ai-je répondu en souriant.

- Ah! C’est drôle, hein? Avec Madame Julie, ça va TOUT LE TEMPS bien et avec toi, ça va JAMAIS bien! C’est drôle, hein? me répondit-elle avec un petit regard de travers avant de repartir en trottinant.

Ah ben, heille! La p’tite bitch! (Du calme, je ne lui ai quand même pas dit ça à elle!) Ça a SIX ans!!! Et ça fait déjà de l’attitude! J’étais complètement bouche-bée et je le suis encore! Ça va être beau à quatorze ans…

École de fous, j’vous dis.

mardi 15 novembre 2011

Le retour à la suppléance

Maintenant que j’ai mon brevet officiel, je peux enfin travailler au primaire! Yé! Pas que je n’aime pas le secondaire, au contraire. Mais en même temps, ça fait du bien de faire ce pour quoi je suis formée.

Je n’ai évidemment pas encore de poste, même pas de contrat en fait, mais je croise les doigts pour que ça arrive bientôt…

Au tout début de l’année scolaire, avant que les enfants entrent, je suis allée distribuer mon curriculum vitae pour faire savoir aux directions d’école que j’étais belle, bonne, fine, capable… bref la meilleure nouvelle enseignante sur le marché! J’en ai donné pas moins de vingt-deux, pouvez-vous imaginer? Ça m’a pris une journée complète, de 9h à 15h30, à me promener partout! Ouf!

Mais pour le moment, ça n’a pas encore porté fruit, malheureusement… J’imagine que je suis loin d’être la seule à avoir fait ça… Et qu’il y en a des plus chanceux(ses) que d’autres… (Oui, vous sentez bien une légère frustration ici…On s’en reparlera.)

Tout ça pour dire que cette année, je suis de retour en tant que suppléante, mais qu’au lieu d’être toujours à la Polyvalente Unetelle, je me promène dans tout un paquet d’écoles primaires. C’est différent chaque jour, jamais le même coin, jamais la même année.

Pour le moment, ça va. C’est un peu drainant parfois et ça peut jouer sur les nerfs de ne jamais savoir SI et où on va travailler le lendemain ou la journée même (il m’est arrivé de me faire appeler à 5h40 du matin, oui, oui! Su-per agréable!), mais au moins je travaille. Je travaille même pas mal.

Je savais que ça serait plus tranquille en septembre, c’est normal. Mais dès la première semaine, on m’appelait et je travaillais quelques jours par semaine. Et depuis la fin septembre, j’ai du boulot tous les jours.

Ça se passe aussi généralement bien, mais ça aussi, on en reparlera! C'est sûr qu'après avoir eu sa classe pendant presqu'un an, il faut se réhabituer, mais ça me permet de travailler ma capacité d'adaptation! Haha!
D'allieus, il m'arrive régulièrement d’aller remplacer dans les classes de mes Troublés, à la polyvalente. Je pourrai donc vous donner de leurs nouvelles! Et peut-être vous parler des petits nouveaux…
On espère quand même que quelqu’un me remarque, se dise : « Heille, elle là, la p’tite Exploratrice, me semble qu’elle ferait une bonne job! » et m’offre un remplacement ou quelque chose, hein? En attendant, j’essaie de garder espoir et de penser positif!

mercredi 31 août 2011

La fin d'année

En juin dernier, j'ai vécu ma première fin d'année scolaire en tant que titulaire. Les révisions intensives pour préparer les élèves aux examens de fin d'année, la correction, les bulletins, les bilans, alouette! Mais aussi l'angoisse de la séparation, le bris du lien, etc.

Certaines choses se sont passées comme je l'espérais, d'autres non.

Deux de mes troublés, Troublé Envahissant et Troublé Verbomoteur ont réussi leurs examens dans presque toutes les matières. J'étais très fière d'eux! Évidemment, ils ont eu droit à plus de temps que les élèves qui n'ont pas de troubles d'apprentissage et on ne peut pas dire qu'ils ont pété des scores, mais ils ont passé! Ils progressent! D'ailleurs, ils passent à la classe des plus vieux cette année et Troublé Envahissant va même être intégré dans un groupe régulier en anglais. Un essai, mais jamais il n'aurait pu, il y a deux ans. C'est tellement motivant de les voir évoluer, prendre de la maturité et apprendre à contrôler leurs comportements!

Les choses ne se sont pas aussi bien déroulées pour Troublé à Casquette, Troublé Toxicomane et Troublé Analphabète, par contre...

Dans le cas du premier, vers le mois d'avril, Tess et moi avons senti une démotivation extrême. Alors nous lui avons organisé des stages en milieu de travail, pour lui redonner le goût. Malheureusement, à son retour en classe à temps plein, ses comportements inadéquats ont recommencés. Il a bien essayé de faire ses examens de fin d'année, mais l'anxiété prenait le dessus, le submergeait complètement. Il préférait abandonner. À force de lui parler, nous avons réussi à le convaincre de les terminer, mais en corrigeant, j'ai dû admettre qu'il n'avait pas réussi à acquérir assez de connaissances/compétences pour pouvoir passer sa 6e année. J'étais déçue. J'imagine que lui aussi, même s'il ne le dit pas.

Troublé Toxicomane, lui, a récidivé en apportant de la drogue à l'école. Une éducatrice l'a soupçonné, son casier a été fouillé et sa confiance en nous a été complètement annihilée. Lui qui commençait à faire des progrès... Plusieurs jours d'affilé, il ne s'est tout simplement pas présenté en classe. Oh, il venait à l'école. Pour voir ses « chums », vous comprenez. On le voyait de nos propres yeux se promener dans les corridors ou sur la cour d'école. Mais il ne se présentait pas en classe. Je ne sais pas vraiment ce qui l'attend cette année... Puisqu'il est bilingue, la seule matière qu'il passe est l'anglais. Et pourtant. Il pourrait, s'il voulait. Il est si intelligent... *soupir*.

Enfin, pour Troublé Analphabète, la fin d'année a été encore plus difficile. Les choses n'allaient pas bien à la maison, ça se répercutait à l'école et nous avons eu droit à des explosions mémorables. Pendant deux semaines, chaque fois qu'il venait (rappelons qu'il n'était intégré qu'à temps partiel), il finissait par se barricader (oui, oui, avec des meubles et tout) dans le local de ressourcement, à côté. Ah, et il cognait dans les murs. Et il criait (ou chantonnait, c'est selon) qu'il allait se tuer, ou tuer tout le monde, ou se mettre les doigts dans la prise de courant, ou se servir des couteaux trouvés dans les boîtes à lunch pour s'ouvrir les veines... Des trucs légers, vous voyez?

Plusieurs fois, il a fallu faire évacuer tout le corridor et même faire venir la police. Quand le temps des examens de fin d'année est arrivé, nous avons dit à ses parents qu'il ne pourrait plus revenir à l'école. Son comportement désorganisait complètement les autres élèves et Dieu sait qu'ils n'avaient pas besoin de ça! Les parents de Troublé Analphabète n'étaient pas contents, mais alors là pas du tout, mais un moment donné, il faut faire des choix et on ne voulait pas pénaliser une vingtaine d'élèves pour qu'un seul puisse venir se défouler à l'école. Pourtant, lui aussi a eu une période positive, cet hiver... mais il faut croire que c'est un apprentissage progressif.

Je n'étais pas très triste que l'année se finisse, je dois l'avouer. J'avais besoin de repos. Je suis plutôt fière d'avoir pris cette classe pas facile (oh, l'euphémisme!), comme ça, au relais, en plein milieu de l'année et d'avoir fait tout mon possible pour aider ces garçons à s'épanouir. Ils ne sont peut-être pas tous rendus aussi loin les uns que les autres, mais je me dis que mon grain de sel va sûrement avoir changé des choses, même si c'est rien qu'un tout petit peu...

lundi 29 août 2011

Mon brevet

Vous savez, toute cette paperasse que j'ai eu à remplir au courant de l'année? Eh bien, en juin, j'en ai enfin vu la fin! Eh oui, j'ai maintenant mon brevet d'enseignement en mains! Hourra!


En mars, j'ai passé l'examen de français (en ai-je déjà parlé ici? Ça fait si longtemps que je suis venue que j'oublie...) et j'étais quand même raisonnablement nerveuse. J'ai toujours un peu peur de ne pas réussir, même si j'ai passé tous les autres tests haut la main. D'ailleurs, ça fait rager mes parents. Je suis inquiète, je leur rabat les oreilles avec mes « Je sais pas, j'ai l'impression de ne pas avoir eu assez de temps... Je suis peut-être passée à côté du sujet... Au pire, je le repasserai cet été... », pour finalement obtenir un magnifique 91%. Ouais. J'suis de même. Oups.


Ça a été plutôt long avant d'avoir les résultats, remarquez.  Trois mois. De quoi devenir inquiète facilement. Faut dire que la dame est seule pour corriger toutes les copies. Mais une fois que j'ai eu mon papier en mains, je me suis dépêchée pour aller le porter à la Commission scolaire pour qu'il soit ajouté à mon dossier.


Voilà! Je suis désormais légalement qualifiée pour enseigner au préscolaire/primaire. Enfin!

vendredi 8 avril 2011

J'aurais dû...?

En mai dernier, j'ai reçu un appel d'une ancienne collègue de travail du temps où je travaillais en communications. Nous sommes restées en contact depuis mon changement de domaine et on s'envoit des nouvelles par courriel de temps en temps.

Mais cette fois-là, elle a tenu à m'appeler parce que ce qu'elle avait à dire, ce n'était pas quelque chose qu'on écrit...
Elle m'a appris que mon ancienne Patronne avait le cancer du pancréas. Bref, elle en avait pour un an à vivre, au mieux.

La semaine dernière, Patronne est décédée. C'est dur à croire, elle était si jeune!

C'est extrêmement troublant, comme sensation. Patronne était une femme au grand coeur, qui aimait rire et qui donnait beaucoup. Mais pour moi, c'était aussi quelqu'un qui n'arrivait pas à déléguer, qui ne me laissait aucune marge de manoeuvre et qui est liée à une période noire de ma vie.

Quand mon ancienne collègue m'a annoncé le cancer de Patronne, je me suis dit que je lui écrirais. Mais le temps a passé et je ne l'ai pas fait. Je ne savais pas quoi lui dire. On n'avait pas gardé contact, depuis mon départ, presque deux ans plus tôt. Je me serais trouvée hypocrite de tout d'un coup réapparaître dans sa vie. 

Maintenant, je me sens un peu coupable... Je me dis que j'aurais donc dû... Même si je ne sais toujours pas ce que j'aurais pu écrire.

J'ai appris son décès après que les funérailles aient eu lieu. Honnêtement, j'y serais allée, mais je me suis rabattue sur un mot de sympathies via le site web du salon funéraire...


mardi 5 avril 2011

Leur plaire

Des fois, je me demande si je veux « trop »… si je suis normale, en tant que jeune enseignante dans une polyvalente…

Vous savez, ça fait déjà 3 ans que je travaille dans la même école et j’ai vu certains élèves souvent, en suppléance. Tellement souvent que des liens ce sont créés, ce qui est plutôt chouette.

Encore aujourd’hui, certains élèves, viennent me jaser ça quand je les croise dans les corridors. Ça me fait toujours un petit velours. Et dans ces moments-là, je souhaite toujours que mon habillement, mes cheveux soient à leur goût d’ados. Qu’ils me trouvent cool, les gars comme les filles. Du genre : « Ah oui, Mme l’Exploratrice, elle est jeune et elle s’habille bien! Je l’aime! » Et quand je reçois un compliment, comme « Madame, vous avez des beaux cheveux! », ça me rend toute heureuse intérieurement.

C’est super superficiel, hein?

Un moment donné, ça s’est mis à m’inquiéter. Je me suis demandée si je voulais trop être l’amie de ces élèves… Est-ce que c’est malsain, mon désir de leur plaire?

J’en ai parlé un peu avec Meilleure Amie qui a fait la formation pour enseigner au Cégep. Elle m’a rassuré un peu en me disant qu’elle vivait exactement la même chose. Elle espérait toujours que ses étudiants trouvent qu’elle a des belles boucles d’oreilles, de chouettes souliers, etc. Si c’est bizarre, au moins je ne suis pas toute seule à penser comme ça!

Peut-être qu’en tant qu’enseignant, on ne devrait pas se soucier de ça. Mais, personnellement, si ça m’aide à me rapprocher des élèves pour mieux les aider dans leurs apprentissages, je me dis que ce n’est pas nécessairement si mauvais. J’imagine qu’il ne faut juste pas exagérer… Tant que la distance professionnelle et que le respect sont présents, ça va, non?