mardi 27 avril 2010

Décidément...

J’ai déjà dit, n’est-ce pas, que la classe de Mme Pomme est remplie de garçons qui en font voir de toutes les couleurs? Et j’ai aussi dit, il me semble, que j’étais prête à les prendre, que j’en avais vu d’autre?

Bon, c’est toujours vrai. Mais, quand même, ils s’assurent d’ajouter à mon bagage d’expérience. À chaque jour, ils se passent le relais pour faire du trouble… Remarquez, au moins, en général, c’est un à la fois. C’est déjà pas si mal. Et en fait, ils font sûrement ça pour que j’apprenne, en tant que stagiaire… Je devrais peut-être les remercier dans le fond!

Vendredi passé, après la journée de l’enfer de Dark Evil Ti-Gars, c’était le tour d’Effronté de s’en donner à cœur joie.

Effronté, c’est une sorte de paradoxe. C’est le petit garçon le plus poli que j’ai rencontré de ma vie. Quand il veut. Par exemple, il va TOUJOURS nous souhaiter un bon appétit, quand sonne l’heure du dîner, à Mme Pomme et moi. C’est le seul à nous le dire, comme ça, tous les jours, sans que quelqu’un lui ait rappelé que c’était gentil de le faire.

Mais en même temps, c’est aussi le p’tit gars le plus effronté que j’ai jamais rencontré. Il répond tout le temps, il se mêle de ce qui ne le regarde pas, il fait des commentaires désagréables à tout bout de champs et il s’adresse souvent aux autres élèves (et aux adultes!) de façon très bête. Je vous dis, c’est à n’y rien comprendre.

Et comme il parle souvent quand c’est pas le temps, on lui demande souvent de se taire. Et généralement, il passe un commentaire avec un petit ton bien baveux. Alors, on l’avertit encore. Jusqu’à ce qu’il ait une conséquence X. Mme Pomme fait ça, et depuis que j’ai la responsabilité entière de la classe, (en sa présence, tout de même) je dois le faire aussi.

Toujours est-il qu’Effronté était assis à côté de son « BFF ». Vendredi, je me suis aperçue qu’ils s’écrivaient des messages dans un petit cahier pendant que j’enseignais, alors je l’ai confisqué. Et là, en le lisant (il y avait juste deux pages, je les ai pognés assez vite!) j’ai lu la phrase suivante :

« J’ai hâte que Mme L’exploratrice parte, elle m’énerve. »

Ouch.

Honnêtement, je sais que ce n’est pas moi qui suis dans mon tort. Je sais que c’est son attitude qui doit être améliorée. Mais pareil. C’est pas facile à lire. J’avais le goût de brailler… un peu. Heureusement que Mme Pomme était là pour me dire de pas m’en faire. Elle le dit, et je sais bien que c’est vrai : les enfants, ça peut être tellement méchant et ingrat. Et surtout, dès que tu avertis un élève pour quoique ce soit, c’est certain que tu vas l’énerver. Tant pis.

J’essaie d’être philosophe. Je sais qu’on est pas là pour devenir l’ami de nos élèves, mais j’aimerais quand même qu’ils m’apprécient…

dimanche 25 avril 2010

Dark Evil Ti-Gars

Jeudi dernier, dans la classe de Mme Pomme, on faisait un travail sur le Saint Esprit. (Oui, c'est très catholique, en Ontario, on s'en rappelle...).

Dans la mise en situation, une enseignante constatait qu'un dollar avait disparu de son bureau. Elle voyait tout de suite quel élève avait l'air coupable, mais il n'avouait pas alors elle laissait les choses comme ça. Puis, le lendemain, le petit voleur, ayant très mal dormi à cause de sa conscience, venait tout déballer et demandait pardon, guidé par l'Esprit de Dieu.

Après leur avoir raconté tout ça, j'ai dit aux élèves qu'ils devaient à leur tour écrire un récit où le Saint Esprit guidait quelqu'un à agir correctement. Ils pouvaient inventer ou puiser dans leur vécu, à leur choix.

Du coin de l'oeil, je vois que ça commence à se tortiller dans tous les sens en me lançant des « Madame L'exploratrice! Madame L'exploratrice! »

- Oui, Hermione?
- Est-ce que ça peut comme être comme quand comme ma soeur s'est fait chicanée à ma place, pis que là comme j'ai rien dit, mais que là comme après, je suis allée comme dire la vérité à ma mère comme? (Comme elle parle bien, notre jeunesse, n'est-ce pas? Et encore, je vous épargne les « Yo! » lancés à tout bout de champ...)
- Oui, ça serait parfait Hermione.

D'autres élèves ont levé la main pour me demander si leur idée était correcte et ça l'était tout le temps. Des histoires de chicanes avec des amis et on s'excuse après. Des petits mensonges qu'on va confesser le lendemain, etc.

Bref, le Saint Esprit semble être bien présent dans tous les élèves de la classe.

Sauf un.

Avez-vous déjà rencontré quelqu'un, dans votre vie, qui semble dénué de tout sens moral? Qui ne sait pas faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal? Ben, dans la classe de Mme Pomme, y'en a un qui a des petites tendances comme ça.

Dark Evil Ti-Gars a aussi levé la main pour me demander de venir le voir et là, tout bas, il me dit: « Madame, c'est parce que je sais vraiment pas quoi écrire... »

- Ben là, Dark Evil Ti-Gars, tu peux t'inspirer de la mise en situation si tu veux, ça peut être inventé. Ou sinon, tu peux t'inspirer de quelque chose qui t'est arrivé. Je sais qu'il y en a.

Effectivement, il y en a. Parce que Dark Evil Ti-Gars, dans sa qualité d'être avec morale défaillante, fait TOUT LE TEMPS des mauvais coups et des choses vraiment méchantes (genre, donner un coup de dictionnaire sur la tête d'un élève de 2e année). En lui parlant, je pensais particulièrement à ce qu'il avait fait la veille. Voyez-vous, après l'école, il est allé à l'aide aux devoirs et là, il a trouvé un lip gloss. L'a-t-il rendu à sa propriétaire? Ben voyons! C'est ben mieux d'aller en étaler partout dans les fontaines et sur les murs des toilettes!!! Pas mal plus le fun!

Quand les adultes (dont Mme Pomme) se sont aperçus de ce qui s'était passé (et qui a demandé 3 heures supplémentaires de travail au pauvre concierge), ils ont cherché un coupable. Dark Evil Ti-Gars a fait comme d'habitude, il a menti et il est très bon, alors on l'a cru. Le hic, c'est que d'autres élèves l'ont vu faire dans la fontaine. On ne pouvait pas prouver que c'était lui aussi pour les toilettes, mais y'avait de grosses chances, mettons... S'est donc ensuivi l'envoi au bureau de la direction, l'appel des parents et finalement, une punition consistant à suivre le concierge pendant une heure pour l'aider à ramasser après les classes.

Donc, moi je me disais dans ma tête que c'est à propos de ça que Dark Evil Ti-Gars écrirait pour son histoire de Saint Esprit. Surtout que quand je lui ai dit de s'inspirer de son vécu, il a eu un « Ah! » genre « Je viens d'avoir un éclair de génie! » Je me suis remise à circuler et à répondre aux questions des autres.

Puis, il a levé la main à nouveau, pour que je vérifie si son remue-méninges avait de l'allure. J'arrive à sa place et je vois qu'il a écrit quelque chose à propos d'un lave-auto. Ok...

- C'est quoi, que tu veux relier au Saint Esprit, Dark Evil Ti-Gars, avec ton histoire de lave-auto?
- Ben, je suis resté pris dedans.
- Ok, mais c'est quoi dans ton anecdote qui dit que Dieu est dans ton coeur?
- Ben, la porte est restée coincée.
- …

Oh, boy. Rien, mais rien compris, hein? J'ai essayé de lui expliquer encore, c'était quoi, le Saint Esprit. La notion du pardon, de s'excuser. Mais honnêtement, je ne sais pas s'il peut saisir. Je vous dis, c'est décourageant à dire, mais on dirait vraiment que la morale fait défaut. Ce n'est malheureusement pas le seul exemple...

***

P.S.: Le compteur de visiteurs de mon blogue explose!! :) Chers lecteurs, je ne sais pas qui vous êtes, mais j'espère que vous avez du plaisir à lire ce que j'écris pour vous! N'hésitez pas à laisser des commentaires, ça fait toujours plaisir!

samedi 17 avril 2010

Marcher sur des oeufs

Pour le moment, je n’ai pas vraiment eu de classe bien à moi. Pas de groupe à qui j’enseigne pendant des mois et des mois. Pas de local où je suis installée depuis des années. Pas de méthode de travail que je suis depuis longtemps, longtemps. Pas un niveau que j’enseigne année après année. Pour le moment, moi, tout ce que j’ai fait, c’est d’aller dans les classes d’autres personnes. Des personnes qui ont vécu tout ça.

Donc, pour le moment, je suis dans une phase « Adaptons-nous! ». En stage ou en suppléance, c’est pareil. Je regarde comment l’enseignant fonctionne et j’essaie de rentrer dans ses traces le plus possible, du mieux que je peux.

Mais, honnêtement, je ne trouve pas toujours ça facile. Parce que des fois (souvent) les méthodes de ces enseignants ne ressemblent pas aux miennes du tout. Mais il faut quand même que je suive les leurs. Je le comprends, je l’accepte, c’est normal. Je commence dans le métier, il faut passer par là.

Par contre, je ne sais si vous vous rappelez, mais selon M. L’orienteur, je suis jaune-rouge. Ça n’a pas tellement changé depuis que je suis allée le visiter. Et ça veut dire que je n’aime toujours pas me conformer et avoir quelqu’un qui regarde par-dessus mon épaule. Ou faire les choses comme les autres veulent qu’elles soient faites. En même temps, j’aime être en contrôle, mais en stage, je ne le suis pas tout à fait parce que je dois tout faire approuver par Mme Pomme (ou Mme Lune avant elle). En suppléance, je trouve que j'ai déjà un peu plus de lattitude.

Bref, je me demande si tous les enseignants sont un peu comme ça. S’ils aiment tous que ça marche à leur manière. Parce que mes deux stages ont tous les deux super bien commencé (pas que ça va mal maintenant, loin de là!). Mais quand on arrive vers la fin, on dirait toujours que je dois marcher sur des œufs.

C’est moi qui doit prendre la classe en charge pour la semaine complète, mais je dois le faire de façon à ne pas faire sentir à l’enseignante-associée que je lui « pique » sa classe. Et fonctionner comme elle fonctionne depuis le début de l’année (depuis qu’elle enseigne, en fait) et que des fois, moi, je ferais les choses différemment. Mais si je les fais différemment, va-t-elle être contente ou sentir que je ne fais pas ça « comme il faut »?

Comprenez-vous ce que je veux dire? C’est dur à expliquer… Mais en gros, j’ai toujours un peu l’impression de déranger quand les derniers moments du stage arrivent, vu que je dois prendre plus de place. Pourtant, ce n’est pas parce que JE veux. Ben, oui là, je veux, mais j’y suis aussi obligée pour être évaluée.

Qu’est-ce que je peux y faire? Je comprends que les enseignants ont un genre de sentiment de protectionnisme envers leur groupe et leurs élèves. Mais, moi là dedans? Comment est-ce que je peux agir pour que tout le monde soit content? Et est-ce que tous les enseignants qui acceptent d’avoir un stagiaire deviennent tannés d’en avoir un après quelques semaines???

dimanche 11 avril 2010

Un drame scolaire

On dirait que y'a des choses que je ne comprends pas... et je me rends comptes à quel point, des fois, la vie dans une école n'a rien à envier aux conflits internationaux (hum!).

Vous voyez, l'école où je fais mon 2e stage est située dans un quartier en développement. Les maisons poussent comme des petits champignons. Et l'école est pleine, archi-pleine. Elle déborde tellement que toutes les classes de 4e, 5e et 6e années sont dans des portatives. Y'en a neuf. Et il y a tout le temps, ou presque, deux cours d'éducation physique en même temps, dans le gymnase. Bref, y'a du monde!

Alors, voyant la situation et surtout s'assurant que la population continue bel et bien de grimper année après année dans ce secteur, le ministère de l'éducation a enfin donné les sous pour la construction d'une nouvelle école. Elle ouvrira ses portes en septembre prochain.

Mais qui dit nouvelle école dit aussi transfert de profs. Ouh la la! C'est là que les drames commencent.

La direction a demandé aux profs actuels leurs préférences. Genre: « Aimeriez-vous mieux rester ici ou aller dans la nouvelle école, l'année prochaine? » Mme Pomme, elle, a dit qu'elle aimerait mieux rester à la même place, mais comme elle est basse sur la liste d'ancienneté... tout pouvait arriver.

Finalement, ils ont affiché la liste des profs qui restent et des profs qui partent et que Mme Pomme est sur la deuxième. Malheur de malheur!

Mais là, checkez ben ça. Y'a une autre enseignante à l'école (appellons la Stalker Girl...) qui est très amie avec un autre prof. Genre, elle est amoureuse de lui. Même si lui (appelons le Ziggy) est clairement, totalement gai. Mais la fille est tellement amoureuse que sur sa feuille à elle, quand est venu le temps d'écrire ses préférences, elle a écrit « Moi, je veux aller à la même place que Ziggy. » Non, mais, quessé ça?!?!?

Qui, (qui?) base sa carrière sur où son ami enseigne??? Je veux dire, ok, tant mieux si t'es à la même école que tes chums, c'est cool. Mais de là à mettre ça comme CRITÈRE? Surtout quand c'est pour suivre quelqu'un qui ne veut même pas tant que ça que tu le suives parce que lui est amoureux d'un autre garçon! Je ne comprends tellement pas. De toute façon, si c'est tellement ton ami, tu vas continuer de le voir en dehors de l'école, non? T'as pas BESOIN de travailler avec, me semble! De toute façon, y'est pas dans ta classe avec toi! Niaisage...

Tout ça pour dire que Ziggy sera envoyé à la nouvelle école alors que Stalker Girl, selon la liste, resterait à celle-ci. Le DRAME!!! Nooooon!!! Ce n'est pas possible!!! Ahhhhh! Que va-t-elle faire?!?!?

Sachant que Mme Pomme, elle aussi, a été envoyée à l'autre école alors que c'était pas son premier choix, Stalker Girl est venue la voir pour proposer un échange. « C'parce que moi, je veux être avec Ziggy! » a-t-elle dit, d'un ton suppliant. Ok, là, j'pense que t'as un p'tit problème, ma fille. C'est vraiment exagéré, ton affaire. Je sens un léger (tout léger) manque de maturité, ici...

Le pire dans tout ça, c'est que Mme Pomme en a parlé un peu avec Ziggy. Et celui-ci semble HYPER gêné du comportement de Stalker Girl. Oui, c'est son amie, mais on sent le malaise, là. Il nous a même déclaré « Ouin, elle est un peu spéciale... », et on sentait que le « spécial » avait pas tellement une connotation positive...

L'échange aura-t-il lieu? On verra bien, mais de toute façon, Mme Pomme a décidé de se battre pour rester. Pour de vraies raisons, elle. Par exemple: distance de la maison, nécessité de changer ses enfants d'école, niveau qu'elle aimerait enseigner... Va-t-elle réussir? Et si oui, est-ce que ça va permettre à Stalker Girl d'aller stalker Ziggy à l'autre école? À suivre...
 
Mais l'autre question que je me pose c'est: « C'est tu comme ça dans toutes les écoles??? »

mardi 6 avril 2010

Attendre...

Meh...

Est-ce que j'ai déjà dit que je n'aime pas attendre? En fait, j'HAÏS ça! Argh.

Et là, je ne peux pas faire autrement, faut que j'attende... L'agence ne m'a pas encore donné de nouvelles pour une deuxième entrevue et ça m'énerve.

J'essaie de rester positive en me disant que mes lettres de références sont fabuleuses, que mon expérience est extra aussi et que ma personnalité ne peut que les avoir charmé. Hein?

Mais, quand même, je doute. Et j'ai peur. Tout à coup qu'ils ont trouvé d'autres gens avec des cv, des lettres de référence, de l'expérience et des personnalités encore mieux que les mien(ne)s? J'angoisse.

Et puis, d'un autre côté, je me dit "Advienne que pourra." S'ils ne me sélectionnent pas, j'essaierai avec une autre agence et ça voudra dire que le Destin, mon ami, a d'autres choses en réserve pour moi.

J'ai quand même hâte d'avoir des nouvelles, que ce soit du positif ou non...

vendredi 2 avril 2010

Ça achève

Ça y est... je viens d'entamer mon tout dernier mois à Ottawa! C'est fou comme le temps passe vite!!! Wow.

Je me rappelle encore quand ma mère et celle de Meilleure Amie m'ont parlé pour la première fois de la possibilité de venir ici pour sauver du temps... et de mon refus net, au premier abord! Je ne voulais tellement pas venir! Une année en Ontario?!? Euh... non, merci!

Et finalement, ça a vraiment pas été l'enfer auquel je m'attendais, haha! Non seulement j'ai vécu en français quasiment 100% du temps (il reste quand même la tite madame du dépanneur, la caissière de l'épicerie et celle du magasin du dollar...), mais j'ai eu pas mal de fun avec mon groupe à l'université et avec mes colocs françaises. :)

Mes cours (et mes stages!) m'ont demandé BEAUCOUP de travail et É-NOR-MÉ-MENT de temps, mais ça en valait vraiment la peine. Je sens que cette année, j'ai appris. Et je sens aussi que je suis prête. La petite dose d'assurance qu'il me manquait à l'idée d'avoir une classe à moi, ça y est, je l'ai maintenant. Mon année ici m'a prouvé que je suis à ma place en enseignement. Non seulement j'aime ça, mais en plus, c'est pas pour me péter les bretelles, là, mais je suis bonne. ;)

Je n'ai quand même pas envie de rester ici. C'était un truc d'un an (huit mois, en fait) et ça a été l'fun justement parce que c'était ça. Pas pour toujours. Une expérience avec plein d'autres gens qui sont ici pour un petit bout et pas plus. On en profite pendant qu'on est là.

On dirait quand même que je suis un peu triste que ça finisse. Mais surtout, je pense que ça va être de dire aurevoir à mes copinettes françaises et à mes collègues d'université. Qui sait quand je les reverrai? Ah, ça se pourrait que quelques larmes coulent...