mercredi 8 juillet 2009

Dire aurevoir

Le 19 juin dernier, j’ai vécu ma première fin d’année scolaire en tant que pseudo-enseignante/suppléante. Ouf. Je n’ai pas pleuré, mais j’aurais certainement pu. J’ai dû passer proche à plusieurs reprises.

Le plus dur, ça n’aura pas été de dire au revoir aux élèves de secondaire 1 que j’ai eu pour les deux dernières semaines en français.

Non. Le plus dur, ça aura été de souhaiter un bel été à mon groupe préféré, un groupe que j’ai eu souvent en suppléance. Un groupe de deuxième secondaire, rien que des gars. Vingt p’tits joueurs de football de 14-15 ans qui en ont dedans et qui seraient des candidats parfaits pour le décrochage s’il n’y avait pas ce programme sportif, justement.

La première fois que je les ai vus, en octobre, c’était ma 2e semaine de suppléance à vie. Et c’était en arts plastiques. Zéro intérêt de leur part, c’est clair. On m’avait dit que dans le fond, fallait juste que je les garde en classe, que ça serait déjà beau...

En tant que prof, je suis assez axée sur la discipline. Et je le leur ai fait savoir dès la première fois. Gentiment, quand même! Mais mes limites ont été clairement établies dès le début.

Je ne sais pas si c’est à cause de ça, ou tout simplement parce que je les trouvais charmants et que le hasard a fait que je remplaçais souvent dans leur classe, mais j’ai développé une très belle relation avec eux. J’aimais leur parler, les écouter, discuter avec eux. Et j’arrivais à les faire travailler, un miracle pour une suppléante. Leurs propres mots.

J’ai appris tous leurs prénoms très rapidement. Je m’arrêtais pour placoter avec eux quand je les croisais dans le corridor entre deux cours. Je prenais de leurs nouvelles. Et eux faisaient pareil avec moi. Je n’hésitais pas à échanger des périodes avec d’autres suppléants qui ne les voulaient pas. Et ça faisait vraiment ma journée.

Je pense qu’ils le sentaient que je les aimais et que c’est ce qui rendait les choses plus faciles. Même quand une bataille en règle (à coups de poings!!!) a éclatée pendant que je les avais, j’ai continué de les aimer. Le lendemain de cet incident, qui m’a mise tout à l’envers, il faut bien le dire, je les ai revus. Dès le son de la cloche, je leur ai dit qu’on passerait notre plus belle période ensemble à vie pour compenser celle de la veille. Et c’est vraiment ça qui s’est passé.

Bref, quand l’année a tiré à sa fin, j’avais mes groupes de français. Donc, je ne les voyais plus, mes p’tits footballeurs. Alors, pendant une de mes périodes libres, je suis allée les voir dans leur cours de maths (avec l’accord du prof, évidemment). Je les ai remerciés pour les périodes passées avec eux. Je leur ai dit qu’ils étaient des garçons foncièrement gentils et que j’avais apprécié leur respect et leur politesse constante. Il y en qui ont ricané. J’ai dû préciser « avec moi, en tout cas » en leur faisant un clin d'oeil. Je leur ai souhaité la meilleure des chances dans leurs examens de fin d’année, un bel été et un peut-être à l’année prochaine.

En quittant la classe, j’ai été récompensée par un « On vous aime, Madame L’exploratrice! » crié bien fort pendant que je refermais la porte. Oui, j’étais bien près de pleurer.

Je sais qu’il ne faut pas avoir de chouchous. Mais, c’est plus fort que moi. Dieu que je les aime, ces vingt ados! Et j’espère que mon amour et ma confiance en eux leur aura donné ce serait-ce qu’une toute petite poussée pour qu’ils continuent de croire en eux.

1 commentaire:

Dobby a dit…

Vraiment pas une question de chouchous... Mais il y a et aura toujours de ces classes, de ces enfants coup de coeur :) Généralement celles et ceux avec qui on peut vivre coeur à coeur. Même si parfois certains nous font des misères parfois ;).